Le colloque : « Approches transdisciplinaires du spirituel dans les lettres et les arts occidentaux contemporains : analyses et théorisations »

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Qu’en est-il de l’incidence du spirituel sur les arts et les lettres contemporains en Occident ? Cette question heurte de front un monde néopositiviste où le quantifiable et la matérialité dominent la pensée et l’action. Quelle est la nature du spirituel en relation aux mutations de l’art et de la littérature ? Quelle place les créateurs font-ils à la spiritualité dans leur pratique ? Quelle distinction entre expérience spirituelle, expérience mystique et fonction du sacré dans les arts et lettres ? Pour Gravend-Tirole (2011), le terme de spiritualité, bien que controversé, « cristallise des questions et des nœuds difficilement intelligibles autrement » : questions de sens, de rapport à soi, de modes d’altérité, etc.

On envisagera le spirituel dans ses aspects sémantiques, poïétiques et sémiotiques : que recouvre précisément la « spiritualité » occidentale qui se réinvente (ou croit se réinventer) hors cadre ? Comment l’art regarde-t-il le spirituel dans les spécificités du contexte civilisationnel contemporain : la folie du voir, l’amnésie culturelle, le brouillage des frontières réel/fiction, la globalisation, le relativisme généralisé et le sentiment de fragilité qui en découle ? D’autre part, on s’interrogera sur la performativité sociétale de cette question, à la suite de Conte (2008) qui invite à inclure le spirituel dans la réflexion sur le faire artistique : « l’art comme déclencheur d’actes, comme embrayeur politique ; cette fonction est-elle sans rapport avec l’art dit sacré ? » On observera comment artistes, gens de lettres, cinéastes, performers prennent en charge la fonction du sacré en créant « une communauté de pensées, d’émotions et de sentiments » (Tisseron 2008) par la mise en œuvre d’expériences et de ritualités neuves.

Les contributions viseront à éclairer l’heuristique de la spiritualité dans divers champs de création. Recherches par l’art et études de cas doivent ouvrir sur une réflexion susceptible d’enrichir la théorisation du spirituel.

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Que le champ du spirituel et du religieux ait été largement délaissé aujourd’hui par le milieu scientifique offre la possibilité de renouveler les discours épistémologiques à son égard, en invitant des expertises complémentaires à dialoguer hors du cadre traditionnel des études théologiques, des sciences religieuses et de l’histoire des religions. Ce colloque sera la troisième rencontre internationale (après Vienne et Nice) à proposer une approche transdisciplinaire en vue de trouver les outils pour analyser les manifestations d’une spiritualité qui s’invente ses formes, ses cadres et ses registres de communication. Il se démarquera des deux premières rencontres par sa focalisation spécifique sur les pratiques artistiques en contexte contemporain (fin XXe s. – XXIe s.) et la possibilité de convier des créateurs chercheurs.

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Il s’agit de combler une lacune du champ des savoirs soulignée par Agamben, Badiou, Debray, Didi-Huberman, Dupuy, entre autres. Pour des motifs idéologiques, le champ du spirituel a été délaissé des études scientifiques autres que la théologie, laissant ainsi dans l’ombre l’une des motivations intimes de la création et l’une de ses retombées sociétales. Il en résulte un vide heuristique à l’égard de la dimension spirituelle de la création dans les lettres et les arts. Il convient de refaire une place en particulier à des problématiques telles que :
– la création littéraire et plastique en tant qu’expérience subjective de type spirituel;
– la dimension de l’initiation;
– la constitution de communautés symboliques;
– la production de sacralité.

Le colloque, une initiative de «Theorias» (théorisation transdisciplinaire du spirituel) aura lieu à l’Université du Québec à Rimouski, les 26 et 27 mai 2015. Dans le cadre du 83e concrès de l’ACFAS.

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crédit photo © Lauriane Sable

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